L'ACCÈS SOCIAL
L'accès social au café se pratique sous trois aspects différents.

Selon une étude commanditée par le ministère, le premier contact est réglé par une sociabilité amicale préexistante : 82% des clients doivent leur présence à l'initiative d'un ami, ou d'un proche.

Pour ce qui est de l'accès ordinaire au bistrot, l'étude a mis en valeur une consommation majoritairement collective mais plutôt en petits groupes. Un tiers des clients pratique la fréquentation solitaire : les femmes pratiquent plutôt collectivement, les hommes plus facilement seuls. Les hommes arrivent ainsi le plus souvent avec une sociabilité qu'il faut construire, alors que les femmes doivent leur accès à une sociabilité déjà constituée. Ce sont les habitués qui fréquentent le plus souvent seuls le bistrot. Cependant, cet usage solitaire n'est pas à attribuer d'emblée à un isolement social. L'habitué vient seul dans la mesure où il est assuré de trouver des amis, ou pour le moins un accueil, une écoute. Pour lui, le bistrot est avant tout un lieu familier. Aucun prétexte n'est nécessaire pour s'y rendre. Y trouver refuge et chaleur familiale va de soi. Pour les groupes, le café n'est que rarement le point de rencontre exclusif. C'est un des repères où il peut célébrer sa permanence.
Le dernier usage du lieu est celui qui est programmé. Le café peut être, en effet, un espace de rendez-vous à caractère plus amical et amoureux que familial. Le rendez-vous est avant tout pratiqué par des familiers des lieux, y donner des rendez-vous, c'est aussi, pour le client assidu, garantir à son interlocuteur qu'ici plus qu'ailleurs, il a des chances de le joindre, puisqu'il a fait du café désigné son lieu d'élection.

Franchir le seuil d'un bistrot, c'est aussi acquérir un droit de citoyenneté. Fréquenté à l'origine essentiellement par la gent masculine, le bistrot accepte volontiers aujourd'hui l'autre sexe. Quand la femme participe aux échanges sociaux du bar, elle réalise que sa présence, ici, est importante aux yeux des hommes, mais que les rôles qu'ils lui réservent sont souvent ceux de spectatrice, d'objet sexuel ou de participante marginale. Ceci ne signifie pas que les femmes ne sont pas appréciées, bien au contraire, on peut même dire qu'elles sont nécessaires au bon déroulement de la cérémonie.